Le Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes
Bodypositivisme, une approche transversale des discriminations
Date de création : 16/03/2021
Date de modification : 08/04/2021
Mouvement des années 1990, le bodypositivisme naît de la volonté militante de défier les normes associées à la beauté en valorisant les personnes grosses. Depuis le mouvement a largement évolué, et répond à des enjeux de visibilisation de la diversité, de promotion de la différence en reconnaissant à chacun et chacune une beauté unique. Pour le Crips, il s’agit d’une approche positive permettant de questionner d’une part les rapports qu’ont les jeunes avec leur propre corps, mais aussi avec ceux des autres.
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Le lien avec la promotion de la santé
La beauté et notre perception de celle-ci ont beaucoup évolué au fil du temps. Une donnée est pourtant restée très présente : la beauté physique est fortement associée à la qualité d’une personne. L’histoire de la laideur physique est intrinsèquement liée à celle des discriminations : la beauté est normée, des caractéristiques très précises y sont associées exposant les personnes ne correspondant pas aux prérequis à des violences symboliques, verbales et physiques.
L’apparence physique est aujourd’hui le premier motif de harcèlement à l’école, avec un pic de violences entre 12 et 15 ans exposant notamment les victimes de harcèlement à des troubles anxio-dépressifs, une prévalence des jeunes harcelés parmi les jeunes décrocheurs scolaires.
Aborder le bodypositivisme comme approche de la santé mentale et du bien-être, du rapport au corps et à l’autre permet de développer une approche positive et préventive des discriminations, et ainsi prévenir leur impact sur la santé globale des jeunes.
Les impacts des discriminations sur la santé
Il existe de nombreuses discriminations basées sur l’apparence physique, comme la grossophobie, le racisme et l’antisémitisme, le sexisme ou encore l’handiphobie.
Ces discriminations ont des impacts bien réels sur la santé physique et mentale des personnes concernées. Leur invisibilisation de l’espace public, culturel et social participe au développement d’un sentiment de culpabilité participant à des phénomènes de renoncement aux soins et de prises de risque dans différents domaines dont celui de la vie affective et sexuelle.
Comment agir ?
Le Crips Île-de-France participe, à son échelle, à la visibilisation des personnes concernées, mais aussi à la prévention des discriminations basées sur l’apparence physique. Cela implique de proposer des formations aux acteurs et actrices socioéducatifs afin de leur donner les outils nécessaires à la déconstruction des préjugés et des normes esthétiques. Nous nous engageons également directement auprès des jeunes pour participer à la lutte contre le harcèlement en leur fournissant des supports d’apprentissage et de sensibilisation ludiques, et des espaces d’échange entre pairs et avec des professionnels de l’animation dans notre lieu d’accueil, l’Atelier.
Les listes de professionnels de santé communautaires
Afin de garantir le succès de nos actions sur le long terme, il est nécessaire de prendre en compte les difficultés actuelles des personnes concernées à avoir accès à des soins adaptés et à des professionnels de santé bienveillants. Ces conditions sont nécessaires afin de prévenir les phénomènes de renoncements aux soins, et afin d’assurer le respect des droits humains, à savoir le droit à la santé. Ce dernier, rappelons-le, comprend l’accès à des soins de santé acceptables et d’une qualité satisfaisante, et il ne saurait y avoir de soins acceptables et de qualité quand les patients et patientes témoignent d’actes et de propos discriminants, qu’ils soient intentionnels ou non.
L’émergence des listes de professionnels de santé communautaires ou “safe”* prouvent l’absolue nécessité de prendre en compte la parole des personnes concernées sur le vécu de leur propre parcours de soins. Tant qu’il y aura des professionnels de santé discriminants, il y aura des listes plus ou moins officielles de professionnels de santé communautaires ou “safe” pour protéger les usagers et usagères et leur santé.
*sûr, sans danger pour la santé physique ou mentale des patients et patientes
Fil santé jeunes, la Grossophobie : https://www.filsantejeunes.com/la-grossophobie-20687
Fil santé jeunes, Enquête sur le harcèlement à l’école : https://www.filsantejeunes.com/le-harcelement-a-lecole-resultats-de-lenquete-16524
Unicef, Fiche thématique Harcèlement scolaire en France : https://www.unicef.fr/sites/default/files/userfiles/06_HARCELEMENT_SCOLAIRE_EN_FRANCE.pdf
Eduscol, le harcèlement entre élèves : https://eduscol.education.fr/974/le-harcelement-entre-eleves